Nous reconnaissons qu’un projet rejoint la finalisation de l’action et sa planification. Nous vous présentons un modèle de démarche de projet qui recoupe ces deux dimensions auxquelles nous avons ajouté la dimension de la réalisation du projet. Ce modèle de démarche projet se divise en cinq étapes distinctes soit : l’engagement, le questionnement mutuel, la décision, la mise en œuvre et l’évaluation. Notre intention n’est pas de présenter une recette et de tomber dans le piège d’une prescription normative déjà trop présente dans nos établissements, mais de modéliser une démarche en quelques étapes génériques afin de fournir des repères pour choisir des interventions de pilotage de projet. Afin d’illustrer cette démarche, nous la déclinerons, à titre d’exemple, dans une proposition de démarche de projet éducatif.
La démarche de projet
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S'engager |
La mise en route
La première condition à la mise en place d’une démarche de projet est l’engagement des actrices et des acteurs concernés, à tout le moins d’une proportion suffisante de ceux-ci pour que la démarche s’amorce et se poursuive.
♣ L’intervention de pilotage verra à susciter un engagement de départ suffisamment consistant pour amorcer et soutenir la démarche et, possiblement, accordera des conditions organisationnelles pour faciliter cet engagement : libération de temps, ajout de ressources, distribution de mandats…
Le résultat de la mise en route sera un engagement de la part du collectif interpellé et, s’il y a lieu, la désignation de mandataires pour coordonner la démarche, la copiloter pourrions-nous dire.
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Exemple de démarche appliquée au projet éducatif
- Rencontrer les leaders et les instances.
- Faire comprendre la nature d’un projet éducatif et ses avantages, et proposer une démarche en précisant ses exigences.
- Introduire des principes de base :
- écoute et accueil des différentes visions;
- processus de formalisation et de développement du projet présent;
- recherche d’une communauté de visions et de dénominateurs communs;
- respect de l’autonomie d’action (celle ou celui qui agit décide de son action);
- respect des rôles et pouvoirs de chacune et de chacun;
- coopération dans la différence;
- compréhension et exploration mutuelles et non une évaluation;
- orientation pour les actions et non un plan d’action.
- Solliciter l’expression des intérêts et des craintes face à la démarche (par groupes homogènes).
- Obtenir l’assentiment des instances et des membres de l’équipe-école.
- Choisir la démarche, désigner des mandataires et fournir des conditions facilitantes.
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Comprendre,
se comprendre
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Le questionnement mutuel
À la suite des engagements préalables et de l’organisation de la démarche, une étape de questionnement est instaurée. Ce questionnement portera sur les enjeux relatifs à la situation à traiter et sur les conceptions qu’ont les actrices et les acteurs de leurs actions actuelles et des actions qu’ils souhaiteraient mener au regard de cette situation[1]. Cette étape est la plus cruciale de la démarche, car elle génère non seulement une compréhension approfondie de la situation à changer, mais aussi et surtout, une compréhension de la façon dont chacune et chacun, soi et les autres, voient cette situation et se voient comme actrices et acteurs de celle-ci : non seulement comprendre, mais aussi se comprendre. Les discussions autour de ce questionnement permettent des recadrages collectifs faisant apparaître des perspectives positives d’action.
♣ L’intervention de pilotage nourrira le questionnement, veillera à la mise en place d’activités de communication et de discussion larges et facilitera, au regard du contenu, des recadrages offrant des perspectives positives d’action pour le plus grand nombre.
Le résultat de cette démarche devra être principalement une compréhension élargie des représentations des actrices et des acteurs de la situation, des difficultés et des enjeux en présence.
[1] Nous pouvons associer cette étape à un exercice d'analyse de la situation et de problématisation.
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Exemple de démarche appliquée au projet éducatif
Le questionnement dans une démarche de projet éducatif
- Retenir des thèmes.
- Choisir des modalités de questionnement (écrites ou verbales, individuelles ou de groupe) et construire les instruments.
- Questionner les membres de l’équipe-école, les élèves, les parents et, possiblement, des membres de la communauté.
- Interpréter en recadrant des dynamiques et en formulant des visions, des forces, des faiblesses, des enjeux et des problèmes.
- Rédiger un document sur les visions des différents groupes : élèves –parents – équipe.
- Faire valider l’interprétation par chacun des groupes et y approfondir des éléments particuliers.
- Faire connaître les visions de chacun des groupes.
- Faire apparaître des priorités stratégiques à discuter.
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Se décider
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La décision
Une fois qu’une plus grande compréhension mutuelle s’est installée, une recherche d’orientations communes s’amorce. Il s’agit de reconnaître les tendances, de ressortir les visions inspirantes, de synthétiser les discussions dans des propositions à débattre et de faire des choix qui se concrétiseront dans des actions à continuer, à amplifier ou à implanter.
♣ L’intervention de pilotage s’assurera d’une animation du processus complet de décision qui sollicite le plus grand nombre et qui a recours à des procédés décisionnels appropriés[1].
Le résultat de cette étape sera l’identification des orientations, des objectifs d’action, une esquisse de plan d’action, des indicateurs et des cibles de contrôle.
[1] La prise de décision est traitée dans un module dédié à cette thématique.
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Exemple de démarche appliquée au projet éducatif
- Présenter le document sur les visions à l'instance de gouverne de l’établissement.
- Adopter, au conseil, des orientations d’action provisoires.
- Demander à chacun des groupes – élèves, parents et équipe – de formuler des idées d’action pour leur groupe (partir des visions et des orientations) et de les mettre en ordre de priorité.
- Regrouper les idées d’action de tous les groupes selon les grands thèmes d’action et formuler des objectifs.
- Adopter, au conseil, les orientations d’action définitives et les objectifs.
- Décider, au conseil, de la forme des documents à produire et des modalités de lancement et de diffusion du projet de l’école.
- Rechercher un thème rassembleur.
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S'évaluer, agir |
L’action et l’évaluation
La mise en œuvre du projet s’amorce avec la systématisation du plan par l’ordonnancement des activités prévues et l’attribution des responsabilités, des échéances et des ressources. Régulièrement, l’évolution du projet devra être observée. Cette observation, que nous nommons veille, devrait se faire à partir d’indicateurs identifiés, lesquels indicateurs permettront de faire référence aux orientations, aux objectifs du projet et aux actions prévues. Cette démarche d’évaluation se fera dans un esprit de retour aux finalités du projet et de recherche de cohérence entre les actions, de pertinence au regard de l’évolution ou non de la situation ciblée et d’ajustement continu.
♣ L’intervention de pilotage assurera qu’un suivi constant par les mandataires désignés se fasse et y apportera un appui : un comité de pilotage, une instance existante, par exemple. Elle veillera à ce que les actrices et les acteurs du projet soient parties prenantes d’une évaluation régulière à la suite de retours d’information sur les indicateurs observés. Elle questionnera non seulement l’efficacité des résultats et l’efficience des actions, mais interrogera aussi la pertinence des intentions et des lectures des situations en cause.
Le résultat de l’action et de l’évaluation est l’optimisation des résultats par des actions efficientes et des intentions pertinentes, et ce, à travers la planification continue et mutuelle.
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Exemple de démarche appliquée au projet éducatif
L’action et l’évaluation dans une démarche de projet éducatif
- Finaliser la planification.
- Prévoir les indicateurs et les procédés d’évaluation.
- Solliciter les engagements et inciter les mandataires (individus et groupes) à la mise en œuvre (cycles, matières, services, comité des parents, comités d’élèves, comités, etc.).
- Superviser et coordonner la mise en œuvre des actions prévues.
- Intégrer des opérations d’évaluation et de révision du projet dans la séquence annuelle des planifications des instances de l’école : cycles, groupes, direction, CE…
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Un projet mobilisateur
Nous l’avons souligné, l’engagement des actrices et des acteurs dans un projet est essentiel, sinon, ce n’est pas un projet. Ce seront des intentions et des plans qui demeureront étrangers aux actrices et aux acteurs. Au mieux, leur projet, leurs intentions et leurs plans seront de s’y conformer. La conformité, si elle permet d’opérer des actions programmées, ne permet pas d’injecter dans cette programmation la qualité nécessaire à l’optimisation des résultats. Des enseignements qui enchaînent les activités selon une programmation établie sans réviser les intentions pédagogiques et les plans de réalisation de ces activités de façon à ce que celles-ci soient adaptées aux situations d’apprentissage des élèves sont des enseignements qui n’assurent pas une qualité optimale des activités.
Nous postulons que pour susciter l’engament envers un projet, les actrices et les acteurs d’une démarche de projet doivent être parties prenantes de chacune de ses étapes :
- S’engager dans la mise en route.
- Partager et écouter les réponses à un questionnement auquel ils auront souscrit.
- Décider, soit choisir les finalités et les plans d’action.
- Réaliser les actions en les adaptant aux circonstances présentes.
- Évaluer les actions et le projet.
C’est en ce sens que nous illustrons qu’une démarche de projet, participative par son essence même, où les parties prenantes participent à chacune des étapes, est une démarche synergétique favorable aux rassemblements des forces vives présentes et à l’association des actrices et des acteurs en tant que coauteurs du projet. |
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Démarche de projet de coauteurs
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