L’établissement en état de veille stratégique
Titre du livre 1
Site: | Pilotage de l'établissement |
Contenu: | Pilotage de l'établissement |
Livre: | L’établissement en état de veille stratégique |
Imprimé par: | Visiteur anonyme |
Date: | samedi 23 novembre 2024, 13:50 |
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7.1 Rechercher l’efficacité de l’enseignement |
À l’aire de la « nouvelle gestion publique »[1], nos systèmes scolaires, en tant que composante d’une administration publique en transformation, est à l’heure de l’efficacité. Ils doivent atteindre des résultats probants de leur efficacité tant au niveau des ministères, des organisations régionales, que des établissements locaux. Au niveau de l’établissement, on parle d’un effet enseignant conjugué à un effet établissement capables d’infléchir l’effet de composition des groupes d’élèves (caractéristiques socio-économico-culturelles) et du défi d’une réussite scolaire distribuée plus équitablement. Dans cette « nouvelle gestion publique », chaque entité doit faire montre d’un pilotage garant de résultats convenus. Le passage d’une « gestion de conformité », fondée sur des programmes d’actions à appliquer, à une « gestion par résultats », fondée sur une autonomie d’action générant les résultats recherchés, sollicite un pilotage éclairé d’informations tant sur les situations dans lesquelles les entités doivent œuvrer que sur les résultats effectifs qu’ils obtiennent. Les établissements sont convoqués, comme nous l’indique Bouvier, non plus à obéir, mais à réussir (Bouvier, 2007). Il ajoute que pour les établissements, « il s’agit de plus rendre compte pour mieux se rendre compte » (p. 231). [1] Selon plusieurs critiques, ce passage à la « nouvelle gestion publique », au New Public Management avec ses fondements souvent associés à un néolibéralisme planétaire assujetti aux lois du marché, entraîne les systèmes d’éducation à s’enfermer dans des mesures d’efficacité quantifiable répondant davantage aux diktats d’une économie de l’emploi qu’à une mission liée au développement de la citoyenneté et de la culture dont les avancées se mesureraient difficilement. Ces critiques invitent les administrations de l’éducation, comme l’indique Gilbert (2009), à une « posture précautionneuse » afin d’éviter de ramener les actions publiques à un simple instrument d’atteinte de résultats arbitrairement établis. |
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Un pilotage est avant tout un acte de veille, une attention portée sur l’état de la situation dans laquelle les opérations sont effectuées, sur ces opérations et sur les résultats obtenus. En ce sens, cette veille est associée à une évaluation continue. Selon notre modèle de pilotage, cette veille, s’insérant au cœur de la communication organisationnelle, fournit les informations requises pour l’évaluation en fonction des finalités et alimente l’intelligence de la situation, cette intelligence nourrissant la conception et les choix d’options dans le cadre des décisions à prendre.
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7.2 Installer de la stratégie et des régulations
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À travers la recherche d’efficacité de l'enseignement, c’est toute la régulation des systèmes scolaires et particulièrement celle des établissements, en tant que lieux de dispensation des services éducatifs, qui est interpellée. Une régulation distante et administrative dans une optique de gestion par la conformité, instaurée à partir de normes, de programmes et de standards généraux, fait de plus en plus de place à une régulation de proximité et de management à partir de projets et de contrats dans une optique de gestion par résultats. Bouvier (2007), en plaçant le projet collectif au cœur de cette régulation de proximité, met en garde contre le risque que les contrats ou conventions, vus comme outils de régulation et de pilotage, demeurent un instrument bureaucratique : « Le problème qui se rencontre aujourd’hui est de définir un projet collectif : souvent, on a des outils, mais pas de projets! » (p. 266). Rappelons la notion de régulation telle que nous l’avons introduite précédemment. |
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Une question de stratégie Le passage vers une gestion par les résultats interpelle un pilotage stratégique de l’établissement. Dans ce type de gestion, un contrôle a posteriori est exercé au regard des résultats obtenus. Ce contrôle s’inscrit dans une optique d’imputabilité et d’amélioration continue des services aux élèves. Le corollaire à cette recherche d’optimalisation des résultats est l’élaboration, par chacune des unités de service dont les établissements, d’une stratégie à travers son projet et ses plans d’action. Cette stratégie doit tenir compte de la réalité dans laquelle les unités œuvrent et des besoins des populations qu’elles desservent. Ainsi, dans la foulée d’une décentralisation annonçant un élargissement de leurs marges de manœuvre, les établissements s’éloignent graduellement d’une gestion en conformité avec les règles établies pour pratiquer une gestion stratégique des ressources qui leur sont confiées en fonction des besoins de leurs élèves et de leur communauté. |
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Sous-jacents à ce virage, se profilent trois principes de base : responsabilité, adaptation et apprentissage (Mazouz, Leclerc, 2008). L’imputabilité des unités de service est associée à un processus de responsabilisation où elles sont tenues responsables de leurs résultats et de leurs actes qu’elles doivent faire connaître et justifier. Une telle responsabilisation serait caduque sans marge de manœuvre effective. L’amélioration continue commande, de son côté, la mise en place et l’entretien de dispositifs d’adaptation et d’apprentissage engageant l’ensemble des actrices et des acteurs. Passage d’une gestion de la conformité à une gestion stratégique
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Grandeur et décadence de la planification stratégique : Mintzberg (1994) |
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7.3 Veiller à une veille stratégique |
Une stratégie, par sa nature reconnue de « chemin faisant » (Avenier, 1997), est continuellement ajustée en fonction des situations changeantes, des actions posées et des résultats obtenus. Dans une telle perspective stratégique, les pilotes de l’établissement doivent s’assurer que des activités de veille génèrent les informations requises pour cette adaptation continue. Une veille organisationnelle, que nous pourrions aussi appeler stratégique, se réalise à travers des activités régulières de collecte, de traitement et de diffusion d’informations à propos d’objets ciblés reconnus déterminants pour le développement de l’organisation; par exemple, une veille pédagogique menée par un comité désigné à cet effet. Ces informations portent autant sur les discussions tenues, sur les actions projetées et les actions menées que sur les résultats obtenus. Cette vigie soutient, de façon continue, le processus de formation de la stratégie afin d’encourager les actrices et les acteurs à penser leurs actions en fonction du développement de l’ensemble de l’établissement dans la perspective d’un avenir partagé : le projet collectif. Si la planification stratégique produit un plan à appliquer, la veille stratégique produit des informations à intégrer. Elle fait place à l’apprentissage de l’action et à l’apprentissage de la planification de cette action. En ce sens, elle permet non seulement d’apprendre, mais aussi d’apprendre à apprendre ensemble. À l’image du cerveau qui traite et produit des informations de façon continue, les établissements en tant qu’organisations davantage « bien pensantes » que « bien pensées », traitent de façon continue les informations sur les situations, les plans, les réalisations, les résultats et leurs impacts. En retour d’analyse, les établissements produisent des informations sur les écarts observés entre ce qui était prévu, les actions menées et ce qui en résulte. Ainsi, les actrices et les acteurs ajustent la planification et apprennent à mieux répondre aux besoins en évolution des élèves et de la population. Les stratèges veillent. Ils exercent une vigilance à l’égard de leur environnement, de leurs actions, des impacts qu’ils produisent et de leurs progrès. Ils ajustent leurs parcours en fonction des ressources et des contraintes présentes, au risque de s’aventurer parfois sur des trajectoires incertaines.
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Implanter une veille stratégique dans un établissement, c’est instaurer un dispositif permettant à ses actrices et à ses acteurs de prendre emprise non seulement sur la réalisation des actions, mais aussi sur leur planification. Ce dispositif de veille s’installe en mettant en place des instruments et des lieux, de même que des mécanismes d’observation afférents, des observatoires pourrions-nous dire. |
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7.4 Recourir aux données comme matériau de veille |
Une veille s’installe en mettant en place des instruments et des lieux, de même que des mécanismes d’observation afférents, des observatoires pourrions-nous dire. Des observatoires qui « organisent, utilisent et produisent des données dans le but de prendre des décisions et de mieux assurer la gestion éducative de l’établissement scolaire » (Archambault, Dumais, 2012, p.11)
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Les données sont des indications sur l’état et les attributs de personnes (élèves, enseignantes, enseignants, parents, gestionnaires…), de groupes de personnes, d’organisations (classes, établissements, organisation régionale…), de leur contexte, de leurs actions et des impacts de ses actions. Ces indications sont produites à travers des exercices d’observation, de collecte et de consignation. Une vielle dans un établissement se réalise à travers l’utilisation de données externes accessibles dans des « entrepôts de données » logés dans des organismes extérieurs (organisations régionales, ministères, Société de Gestion du réseau informatique des commissions scolaires –GRICS au Québec- institut de la statistique …). Ces données sont de nature quantitative (nombres, valeurs, statistiques) ♣ L’utilisation des données externes permet d’établir un portrait des élèves, de leur famille et de leur milieu de vie; une compréhension du programme, du régime pédagogique et des politiques; une référence au regard des performances … La veille se réalise aussi à travers une production de données internes relatives à des situations et des actions spécifiques à l’établissement, à une classe ou à des groupes ciblés (sondages, rapports des absences, résultats à des tests, grilles d’observation en classe, carnets de bord, comptes rendus …). Ces données peuvent être de nature quantitative (nombres, valeurs, statistiques) ou qualitative (narrations, anecdotes, formulation d’appréciation et de perception…) ♣ L’utilisation de données internes permet d’une part d’établir des portraits de situation d’établissement et de classe, des apprentissages des élèves et autres, et d’autres parts de porter un regard rétroactif sur les activités accomplies, les ressources investies, les développements et apprentissages réalisés et les résultats obtenus...
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Les données à utiliser et à produire se rapportent à trois niveaux d’organisation différents : de l’extérieur à l’école, de l’école, de la classe. (Earl. L.M., Katz, 2006; Prud’Homme, Leclerc, 2014 ) Les niveaux d’organisation dans l’utilisation et la production de données |
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Le pilotage de l’établissement se rapporte principalement aux données de l’école dans son ensemble. Toutefois, leurs pilotes auront la préoccupation que ses actrices et ses acteurs fassent référence occasionnellement aux données externes à l’école afin d’alimenter leur analyse de sa situation (données démographiques, socioculturelles, sur état du programme, relatives aux attentes à son endroit...) et de se donner des valeurs de comparaison en guise d’étalon de mesure pour évaluer son efficience et son efficacité (comparaison entre écoles, avec la région, la province, le pays…). Au niveau de la classe, la préoccupation première de pilotage sera d’inciter, de soutenir et de former les enseignantes et les enseignants à produire, à utiliser et à analyser de façon collaborative les données pour effectuer le suivi des apprentissages de leurs élèves (grilles d’observation, fiches de suivi individualisé, notes diverses…), et ce, au-delà des données d'apprentissage à livrer pour les bulletins. De plus, certaines données accumulées pour chacune des classes pourraient être regroupées pour de veilles spécifiques de l’école, par exemple, pour interroger l’efficacité d'une pratique en implantation, déceler des besoins de développement professionnel ou mettre en évidence des réussites afin de les reconnaître et de les transférer.
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Trop, c’est comme pas assez! En cet air de l’information et des contrôles informatiques, les établissements peuvent se retrouver à composer avec une multitude de données de diverses provenances tant externes qu’internes. Souvent un ensemble de moyens techniques et informatiques de collecte peut leur permettre de collecter un grand nombre de données. À ce titre, l’enjeu n’est pas l’accès aux données, mais la capacité d’en retirer des informations utiles pour guider les régulations, les décisions et les choix stratégiques. Comme le rapportent Earl et Katz (2006), l’usage des données pour l’amélioration de l’établissement ne s’amorce pas en fonction des données accessibles. Il s’amorce par une réflexion en fonction de son contexte d’action et de ses finalités, sur ses besoins de connaissances à propos de sa situation, de ses actions et de ses résultantes. Elle s’amorce en établissent les objectifs de la collecte et de l’usage des données. Que voulons-nous de savoir? Quelles données avons-nous à collecter et à traiter? Encore ici, pour les pilotes, c’est leur art de la question qui est en cause. Voici des exemples d’objets d’interrogation et de questions. |
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Le traitement et l’analyse des données pour la régulation et les décisions
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