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Animer une équipe pour y soutenir la compréhension mutuelle

Guide d'animation

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Livre: Animer une équipe pour y soutenir la compréhension mutuelle
Imprimé par: Visiteur anonyme
Date: samedi 23 novembre 2024, 13:59

La première responsabilité d’animation d’une équipe est de soutenir la compréhension mutuelle entre ses membres en intervenant de façon à ce que l’émission de leurs messages soit efficace et la compréhension de ceux-ci soit juste.

Cette facilitation de la communication peut se faire principalement par des procédés :

    • d’écoute active
    • de questionnement
    • de feedback

L’écoute active

La communication dans une équipe, à la position participative de récepteur, est principalement une question d’écoute. L’écoute n’est pas passive. Pour limiter, de façon optimale, les incompréhensions, une bonne écoute est ponctuée d’interventions qui suscitent des clarifications. L’animatrice ou l’animateur interviennent dans un groupe ou une équipe pour améliorer la qualité de l’écoute entre ses membres. Leurs interventions cherchent à permettre de clarifier les contenus partagés et aident à ce qu’ils soient compris et reçus dans des états émotifs qui entretiennent une énergie groupale, tournée vers la cible, plus grande que l’énergie résiduelle, tournée vers les individus cherchant à combler des besoins personnels non répondus.

Sur le plan des organisations, l’écoute est considérée comme la forme de communication interpersonnelle la plus importante (Hunt et Cusella, 1983). Après avoir mené une étude auprès de 63 entreprises, Johnson (1971) conclut que le bon fonctionnement de l’industrie dépend essentiellement de l’écoute en tant qu’élément de communication (Floyd, 1988, p. 69).

Tiré de Cormier (1995)

L’animatrice ou l’animateur, pour susciter et amplifier l’écoute, peuvent recourir à quatre tactiques que nous présentons sous le vocable des « 4 R de l’écoute active ».

Les 4 "R" de l'écoute active

Répéter (faciliter la concentration commune) : redire dans les mêmes mots afin de permettre à l’émetteur ou à l’émettrice de maintenir ou d’amplifier leurs propos, et aux récepteurs et réceptrices, d’y accorder une attention particulière.

Tu dis que… j’entends que…

Reformuler (faciliter la compréhension commune) : redire dans d’autres mots, afin d’aider l’émettrice ou l’émetteur à préciser leur pensée selon leur contexte et à les aider à se faire comprendre, cela en vérifiant leur accord. Ainsi, la richesse de leurs propos sera portée à l’attention des récepteurs et des réceptrices.

De ton point de vue… Ce que tu voudrais c’est… Tu souhaites que…

Refléter (faciliter l’attention commune) : dire le contenu émotif ou même stratégique perçu dans le message formulé par l’émetteur ou l’émettrice afin de faciliter la communication de leurs idées, de leurs émotions et de leurs intentions et d’aider à mieux cerner les problèmes et les enjeux discutés.

Je te sens en colère face à… J’ai l’impression que le problème est plus important pour toi est… Je comprends que tu risques de perdre…

Recadrer (faciliter une perception différente et positive d’une situation problématique) : replacer les propos dans une perspective autre afin d’ouvrir des avenues nouvelles de discussion et de solution, un « new what » nous disent Watzlawick, Weakland et Fisch (1975).

Si nous prenons cette question sous l’angle de vue des parents… Au regard de ton autonomie professionnelle, ne pourrions-nous pas dire que… Dans la perspective de nos objectifs de l’année…

La première responsabilité d’animation d’une équipe est de soutenir la compréhension mutuelle entre ses membres en intervenant de façon à ce que l’émission de leurs messages soit efficace et la compréhension de ceux-ci soit juste.

Cette facilitation de la communication peut se faire principalement par des procédés :

    • d’écoute active
    • de questionnement
    • de feedback

Le questionnement

Le questionnement est une tactique couramment utilisée pour faciliter la communication dans un groupe. L’animateur ou l’animatrice utilisent le questionnement[1] :

♣ pour explorer des visions, des compréhensions, des réactions

« Quels sont les points importants à surveiller? »

« Que devons-nous retenir? »

« Quelles sont vos impressions? »

♣ pour ancrer dans la réalité

« Les élèves sont très indisciplinés… — Pourrais-tu relater des événements qui illustrent cette indiscipline? »

« Nous ne sommes pas capables de prendre des décisions — Pourrais-tu expliquer quelles sont nos difficultés face aux décisions que nous avons à prendre? »

♣ pour préciser des énoncés vagues ou impersonnels

« Plusieurs disent que… — Et toi qu’en penses-tu? »

« J’en ai besoin le plus tôt possible… — Quand le veux-tu? »

« Il faudrait que nous soyons plus sévères… — Face à quoi pourrions-nous l’être? Comment? »

♣ pour clarifier des inférences

« Les élèves ne sont pas motivés du tout… — Qu’est-ce qui t’amène à dire qu’ils ne le sont pas? »

« Notre fonctionnement est totalement inefficace… — Comment est-il inefficace? »

« Tu ne t’intéresses pas à ce que nous vivons… — Qu’est-ce qui te fait dire cela? »


♣ pour développer une pensée critique

« Nous sommes dans une impasse… Essayons de voir autrement, qu’arriverait-il si…? »

« La rédaction de plans d’intervention, ça ne sert à rien… — En quoi est-ce inutile? Peut-on rendre cet exercice serviable? »

« Je ne comprends pas… tu me dis que ça ne te dérange pas, mais tu me parles de ça depuis un bon moment. Qu’est-ce que tu en penses? »

♣ pour orienter les échanges de façon productive

« ………— Si je résume, ton point de vue est… Y a-t-il autre chose? »

« ………— Nous avons de la difficulté à aborder ce point, que se passe-t-il? »

« ………— Nous reconnaissons que les élèves ne travaillent pas à la maison. Que pouvons-nous faire, compte tenu de cette situation?


[1] Cormier, S. (1995) La communication de gestion. Sainte-Foy : Presses de l’Université du Québec.

L’écoute active et le questionnement sont deux procédés qui favorisent l’écoute compréhensive entre les membres du groupe ou de l’équipe. En utilisant ces tactiques, l’animatrice ou l’animateur sollicitent des précisions dans la transmission des messages et favorisent la régulation des états émotifs sous-jacents à ces messages. Dans ces tactiques, ils demeurent dans une position de neutralité.

La culture occidentale repose en grande partie sur les hypothèses tacites du pragmatisme, de l'individualisme et du statut conféré par la réussite. Ces hypothèses influent fortement sur l'exécution des tâches, ce qui, combiné à l'individualisme, amène à déprécier les rapports humains, le travail d'équipe et la collaboration, sauf quand cela facilite l'accomplissement  des tâches. Étant donné ces stéréotypes culturels, agir et affirmer a inévitablement plus de valeur qu'interroger et établir des relations. Pourtant, plus les tâches deviennent complexes et interdépendantes, plus la collaboration, le travail d'équipe et l'établissement de relations deviennent nécessaires, ce qui demande au leader de maitriser l'art de poser humblement des questions. ( Schein, 2015, p. 104)

 

La première responsabilité d’animation d’une équipe est de soutenir la compréhension mutuelle entre ses membres en intervenant de façon à ce que l’émission de leurs messages soit efficace et la compréhension de ceux-ci soit juste.

Cette facilitation de la communication peut se faire principalement par des procédés :

    • d’écoute active
    • de questionnement
    • de feedback

Le feedback

Parfois, certaines situations d’animation demandent des interventions d’évaluation et de feedback afin d’amplifier ou de diminuer des comportements spécifiques chez des membres. Ce feedback est une information en retour qui vise à renseigner une personne sur les résultats de son action antérieure et l’oriente pour amplifier ou diminuer cette action. Il peut être positif ou négatif. Nous rencontrons trois types de feedback :

le feedback descriptif lié à des éléments observables : comportements, événements

« J’ai observé ton silence dans le groupe… Des parents ont signifié leur satisfaction…

♣ le feedback expérientiel lié à des réactions, des émotions ou des sentiments personnels

« Je suis inconfortable avec cette proposition… Votre réaction me motive… »

♣ le feedback inférentiel lié à une attribution d’intentions, de motivations, de causes à des comportements observés

« Je sens que le groupe cherche à éviter la question… Dernièrement, tu me sembles moins enthousiaste… J’ai le sentiment que vous considérez que cette tâche n’est pas de votre responsabilité… »

Il est à noter que le feedback peut être positif ou critique. Il est positif lorsqu’il reconnaît un comportement, une attitude ou une performance chez l’interlocutrice ou l’interlocuteur. Ce type de feedback encourage et soutient l’action. Il vise le renforcement des attitudes et des comportements estimés favorables pour la production vers la cible commune et à la coopération entre les membres de l’équipe. Par exemple : la proposition que tu as formulée nous permet de nous rallier; la suggestion de Jules nous amène à voir le problème autrement. Cormier (1995) met en garde contre une utilisation inopportune du feedback positif qui peut être perçu comme une tentative de manipulation ou même comme une forme de contrôle. À user avec discernement.

Le feedback critique cherche à confronter l’interlocutrice ou l’interlocuteur et à susciter une réflexion critique à propos de comportements, d’attitudes ou de performances jugés inacceptables. Par exemple : Jules, je constate tes nombreux retards aux réunions; le point que tu apportes a été traité à la dernière réunion; tu n’as pas lu le procès-verbal produit. « Bien qu’essentiel au fonctionnement des organisations, donner du feedback critique demeure une activité de communication des plus exigeantes en raison principalement de la défensivité qu’il suscite » (Cormier 1995, p. 130). À user aussi avec discernement.

Du soutien à la confrontation

Dans leurs communications, une directrice ou un directeur oscillent, selon les circonstances, entre le soutien et la confrontation. Ils ont des attitudes de soutien lorsqu’ils « reconnaissent l’autre au regard de son contexte, de son histoire, de ses valeurs et de ses croyances » (Cormier, 1995, p. 63). Ils ont des attitudes de confrontation, quand, après avoir compris le point de vue de l’autre, ils en questionnent les prémisses à partir de leur propre cadre de référence. Cormier (1995) indique que « les deux attitudes de soutien et de confrontation sont structurellement nécessaires pour qu’un échange soit fructueux » (p. 63) ». Par contre, nous pouvons penser qu’habituellement, en situation d’animation d’équipe, le soutien devrait primer sur la confrontation. L’écoute s’inscrit uniquement dans le soutien. Le questionnement peut être mené dans une optique de soutien comme dans celle de la confrontation. Le feedback, lorsqu’il est positif apporte du soutien et lorsqu’il est critique est source de confrontation.

(Cormier, 1995, p. 63)

Contribution des participantes et participants

Vous êtes invités à commenter et enrichir les documents par vos commentaires, des observations sur votre pratique et votre contexte de pilotage.