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Entretenir des réseaux de communication

3.4  Construire des significations partagées


Selon Devirieux (2008), dans une communication, il y a échange ou partage d’informations entre un ou plusieurs émetteurs et un ou plusieurs récepteurs afin d’en arriver à « une compréhension réciproque, un accord mutuel ou une action commune » (p. 5). Genelot (2001) indique de son côté que la communication est un « processus par lequel des personnes s’entendent et se comprennent » (p. 167). Au-delà de la conception du traitement fonctionnel d’un message : émetteur-codage-canal-décodage-récepteur, la communication est avant tout un processus visant la construction d’une signification partagée à travers les messages transmis, captés et surtout interprétés.

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Or je suis frappé de constater dans les entreprises la persistance de la croyance qu’il suffit (sic) d’émettre une note en bon français, ou de diffuser une bande vidéo correctement tournée pour que chacun des destinataires fasse sien le contenu du message et lui donne du sens au point d’en faire une « valeur d’acte ». (Genelot, 2001, p.  169)

Une des visions de l’organisation suggérée par Morgan (2003) est celle d’une organisation vue comme un cerveau traitant de l’information. Dans cette perspective, la communication n’est pas uniquement vue comme une fonction à exécuter par un émetteur vers un récepteur. Elle est davantage vue comme une dynamique interactionnelle de transmission, de traitement et de construction de significations partagées au cœur du processus d’organisation : la communication est organisante et « l’organisation est le produit de processus de communication intersubjectif » (Giordano, 2006). À ce titre, au regard du pilotage de l’établissement, la préoccupation de la direction ne sera pas seulement la qualité des communications ponctuelles pour organiser une tâche, un évènement, transmettre des directives, connaître des opinions… mais celle, de façon plus globale, d’organiser la communication de l’établissement. Si nous revenons à l’idée que nous avons introduite antérieurement à savoir que la responsabilité d’une direction est d’organiser l’organisation de l’établissement, nous ajoutons qu’une de ses principales préoccupations serait d’y organiser la communication.

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Les organisations sont des entités qui se maintiennent et se développent par et à travers une activité continue de communication « l’activité de communication, c’est l’organisation » (Weick, 1995, p. 75). Pour Weick, une partie fondamentale – et souvent sous-estimée – de notre travail est de nature communicationnelle (talk). Il propose alors d’instituer des normes en faveur du débat et de l’échange à l’opposé des systèmes d’action qui favorise le non-dit et le secret. Ces derniers empêchent la redondance, la critique ouverte et la clarification; ils encouragent les comportements régressifs et le refuge dans la subordination hiérarchique, autant de comportements qui peuvent avoir des conséquences catastrophiques dans les systèmes complexes et vulnérables. (Giordano, 2006, p. 164)