Imprimer ce chapitreImprimer ce chapitre

L‘établissement décide pour agir


     

 

4.1  L’établissement : un système de décision reconnu limité

La prise de décision est le cœur d’une organisation. Selon Maggi (2003), l’organisation est essentiellement un ensemble de décisions et d’actions. March et Simon (1965) avancent que l’organisation, tel un établissement d’enseignement, est un système de décision.

411

 

La prise de décision est l’aboutissement obligé du fonctionnement du groupe. Sans prise de décision à la clé, le fonctionnement du groupe est sans objet, vain et inutile. La capacité de décider est le critère de maturité du groupe. (Aubry, 1994, p. 46)

Le pouvoir d’une organisation sur la réalité dans laquelle elle agit est tributaire des décisions qu’elle prend. Souvent ces décisions sont prises de façon spontanée à travers des procédés plus ou moins articulés. Ainsi, l’organisation, ses équipes, ses actrices et ses acteurs se privent, d’une part, de la richesse que pourraient procurer des procédés optimisant la pertinence des choix à effectuer et, d’autre part, elle s’assure peu d’une compréhension partagée de la décision et d’un engagement commun envers sa mise en œuvre.

 

L’établissement décide de ses actions en traitant des informations dans des processus de choix qui lui sont propres, et ce, que ces informations soient de l’ordre de représentations sur sa réalité et son fonctionnement ou même de commandes à exécuter. Ces processus sont à la fois en amont et en aval de la communication organisationnelle, des processus de finalisation, des évaluations, du développement de l’intelligence organisationnelle et du dispositif de veille. Au cœur du système de pilotage de l’établissement, les directions interviennent pour organiser, coordonner et soutenir l’ensemble des processus de choix à mener.

L'espace de la décision locale est donc toujours à recréer au quotidien.  (Rey, 2019, p.17)

Des décisions fondées sur une rationalité limitée

À partir des travaux classiques de Simon (1955) sur la rationalité limitée, il est reconnu que les limitations cognitives et informationnelles tant des individus, des groupes que des organisations ont un impact majeur sur leurs prises de décision. Selon cette conception, il est utopique de penser que les décisions des organisations peuvent être le fruit d’une rationalité absolue où tous les tenants et aboutissants entourant un choix à faire sont analysés de façon exhaustive de manière telle que des certitudes d’action apparaissent.

Selon lui (Simon) a) les gens sont généralement obligés d'agir en se fondant sur une information incomplète concernant les mesures qui (sic) pourraient prendre et leurs conséquences b) ils ne sont capables d'explorer qu'un nombre limité de solutions de rechange pour n'importe quelle décision; et c) ils sont incapables d'attribuer les valeurs exactes aux résultats... Il en conclu qu'individus et organisations doivent se contenter d'une « rationalité limitée » et de décisions « satisfaisantes » qui reposent sur des procédés empiriques simples et sur des recherches et une informations limitées. (Morgan, 2003, p. 74)  

L’exercice d’un pilotage s’inscrivant dans une perspective de rationalité limitée des actrices et des acteurs ainsi que des organisations s’efforcera de mettre en place des processus de décision qui permettront de convoquer de façon attentive les capacités cognitives des parties prenantes aux décisions tout en reconnaissant que ces capacités ne peuvent qu’être limitées. De façon métaphorique, nous pouvons dire qu’un tel exercice de pilotage s’efforcera d’élargir « l’aire de rationalité » des prises de décision dans une organisation, et ce, quelle que soit la nature des décisions (opérationnelle, tactique, stratégique) à prendre.

412

 

Élargir l’aire de rationalité

Nous proposons trois avenues de pilotage permettant cet élargissement :

√  L’orchestration du processus de décision.

√  L’organisation de la participation au processus.

√  Une pratique de traduction pour rallier.